Thierry Lenain est un auteur de littérature jeunesse qui a plus d’une cinquantaine d’ouvrages à son actif. Autant vous dire qu’il faudrait bien plus d’un article pour faire le tour de son œuvre. Ainsi sans vouloir être exhaustif je tenais à vous parler de cet auteur et de deux de ses livres en particulier, car ils font partie des très rares histoires de mon enfance, à m’avoir suffisamment marquées pour que je puisse m’en souvenir encore aujourd’hui plus de 15 ans après.
Trouillard !
Ce livre évoque un jeune garçon
parti en vacances avec sa famille, dans une veille maison isolée à la campagne
dont la nuit révèle différents secrets. « Trouillard ! » est une
histoire effrayante pour les 6-8 ans que j’ai eu le plaisir de découvrir en
classe de CE2. Ayant à l’époque des difficultés de lecture, cette histoire m’a permis
de découvrir la lecture sous un autre angle que l’obligation. En effet la
plupart des ouvrages qu’on me faisait découvrir à l’école m’ennuyaient. Mon
institutrice de l’année passée me faisait très clairement comprendre que
j’avais un retard dans ce domaine comparé aux autres enfants et que c’était mon
devoir de faire des efforts à ce niveau. Arrivé en CE2, nouvelle institutrice
et nouvelle approche, celle-ci nous fit découvrir des ouvrages qui sortaient de
l’ordinaire et les présentaient de manière moins académique et sérieuse. Ainsi
trouillard devint mon premier livre fantastique.
Et je me souviens encore
aujourd’hui des scènes effrayantes que son auteur a su me faire imaginer.
Notamment une image en particulier, ou plutôt un dessin caché sous le lit du
protagoniste. C’est sous ce lit que les enfants imaginent les pires choses, des
montres qui pourraient se cacher. C’est dans ce lieu à la fois intime et un peu
inquiétant que l’imaginaire est le plus stimulé, car on se retrouve non
seulement seul mais en plus on est censé baisser notre garde pour arriver à
s’endormir. Et dans cette histoire et à travers la prose de Thierry Lenain, le
petit enfant que j’étais à du se créer sa propre image du dessin du monstre qui
se cachait sous le lit. Dessin qui fascine autant qu’il repousse car quand bien
même ce n’est qu’un dessin il est difficile de savoir ce qu’il représente
vraiment et pourquoi il se trouve là. Et surtout en quoi il est lié au monstre
qui sort du placard une fois la nuit tombée. Si seulement son père pouvait lui
apporter du réconfort et le rassurer. Mais c’est tout le contraire, son père ne
fait que le rabaisser en le traitant de trouillard, sans doute parce qu’il
trouve que son fils, en ayant peur, n’a pas une attitude assez masculine. N’en
déplaise à son père, l’auteur nous montre à travers cet ouvrage qu’il n’y a
aucune honte à éprouver la peur, ni même d’autres émotions d’ailleurs. La peur
comme tant d’autres émotions nous apprend beaucoup de choses sur nous-même
ainsi que sur le monde qui nous entoure.
Un
pacte avec le diable
Après un livre fantastique, plongeons-nous
dans récit qui malgré sa couverture est très ancré dans notre réalité. Lorsque
vous êtes auteur de livres jeunesse vous avez une responsabilité que n’ont pas les
autres auteurs, celle d’éduquer. En effet, en donnant un livre à une personne
assez jeune on peut l’influencer potentiellement bien plus en profondeur que si
on lui donne le livre arrivé à l’âge adulte. Bien sur chaque livre à le
potentiel de changer un tant soit peu une personne, mais ici la différence
c’est que l’enfant est en pleine construction, et les différentes influences
culturelles vont grandement l’aider à construire sa personnalité et sa manière
de penser. Voilà pourquoi si on me demande si les livres jeunesse doivent
parler de sujets graves et sérieux, je vous dirais que oui. Avec l’âge
approprié et un accompagnement sur le sujet bien sûr. Dans ce cas précis le
sujet est la drogue. Triste réalité de notre société, dans le livre, les
personnages sont dépeints comme attachants et on comprend par le récit que leur
dépendance ne fait pas d’eux des personnes mauvaises et méchantes, mais bien
des personnes qui par leur parcours difficile et à cause mauvaises décisions sont
tombées dans un piège dont ils ont du mal à sortir, tel un pacte avec le
diable.
Je conclurais finalement pour
rappeler que si ces histoires peuvent paraitre simples et sans importance quand
on a atteint l’âge adulte, elles n’en demeurent pas moins intéressantes. Ainsi
si les enfants commencent leurs lectures avec de telles histoires, peut-être prendront-ils
goût à d’autres ouvrages réalistes et tragiques comme les œuvres de Zola. Ou
bien si les enfants s’intéressent comme moi à des lectures fantastiques tel que
Trouillard, ils finiront peut-être par lire des grands classiques comme les
nouvelles d’Edgar Allan Poe (traduites en français par Baudelaire lui-même pour
celles et ceux qui l’ignorent).