04 novembre 2020

Les livres de Thierry Lenain

     Thierry Lenain est un auteur de littérature jeunesse qui a plus d’une cinquantaine d’ouvrages à son actif. Autant vous dire qu’il faudrait bien plus d’un article pour faire le tour de son œuvre. Ainsi sans vouloir être exhaustif je tenais à vous parler de cet auteur et de deux de ses livres en particulier, car ils font partie des très rares histoires de mon enfance, à m’avoir suffisamment marquées pour que je puisse m’en souvenir encore aujourd’hui plus de 15 ans après.

 


Trouillard !


Ce livre évoque un jeune garçon parti en vacances avec sa famille, dans une veille maison isolée à la campagne dont la nuit révèle différents secrets. « Trouillard ! » est une histoire effrayante pour les 6-8 ans que j’ai eu le plaisir de découvrir en classe de CE2. Ayant à l’époque des difficultés de lecture, cette histoire m’a permis de découvrir la lecture sous un autre angle que l’obligation. En effet la plupart des ouvrages qu’on me faisait découvrir à l’école m’ennuyaient. Mon institutrice de l’année passée me faisait très clairement comprendre que j’avais un retard dans ce domaine comparé aux autres enfants et que c’était mon devoir de faire des efforts à ce niveau. Arrivé en CE2, nouvelle institutrice et nouvelle approche, celle-ci nous fit découvrir des ouvrages qui sortaient de l’ordinaire et les présentaient de manière moins académique et sérieuse. Ainsi trouillard devint mon premier livre fantastique.

Et je me souviens encore aujourd’hui des scènes effrayantes que son auteur a su me faire imaginer. Notamment une image en particulier, ou plutôt un dessin caché sous le lit du protagoniste. C’est sous ce lit que les enfants imaginent les pires choses, des montres qui pourraient se cacher. C’est dans ce lieu à la fois intime et un peu inquiétant que l’imaginaire est le plus stimulé, car on se retrouve non seulement seul mais en plus on est censé baisser notre garde pour arriver à s’endormir. Et dans cette histoire et à travers la prose de Thierry Lenain, le petit enfant que j’étais à du se créer sa propre image du dessin du monstre qui se cachait sous le lit. Dessin qui fascine autant qu’il repousse car quand bien même ce n’est qu’un dessin il est difficile de savoir ce qu’il représente vraiment et pourquoi il se trouve là. Et surtout en quoi il est lié au monstre qui sort du placard une fois la nuit tombée. Si seulement son père pouvait lui apporter du réconfort et le rassurer. Mais c’est tout le contraire, son père ne fait que le rabaisser en le traitant de trouillard, sans doute parce qu’il trouve que son fils, en ayant peur, n’a pas une attitude assez masculine. N’en déplaise à son père, l’auteur nous montre à travers cet ouvrage qu’il n’y a aucune honte à éprouver la peur, ni même d’autres émotions d’ailleurs. La peur comme tant d’autres émotions nous apprend beaucoup de choses sur nous-même ainsi que sur le monde qui nous entoure.

 

Un pacte avec le diable



Après un livre fantastique, plongeons-nous dans récit qui malgré sa couverture est très ancré dans notre réalité. Lorsque vous êtes auteur de livres jeunesse vous avez une responsabilité que n’ont pas les autres auteurs, celle d’éduquer. En effet, en donnant un livre à une personne assez jeune on peut l’influencer potentiellement bien plus en profondeur que si on lui donne le livre arrivé à l’âge adulte. Bien sur chaque livre à le potentiel de changer un tant soit peu une personne, mais ici la différence c’est que l’enfant est en pleine construction, et les différentes influences culturelles vont grandement l’aider à construire sa personnalité et sa manière de penser. Voilà pourquoi si on me demande si les livres jeunesse doivent parler de sujets graves et sérieux, je vous dirais que oui. Avec l’âge approprié et un accompagnement sur le sujet bien sûr. Dans ce cas précis le sujet est la drogue. Triste réalité de notre société, dans le livre, les personnages sont dépeints comme attachants et on comprend par le récit que leur dépendance ne fait pas d’eux des personnes mauvaises et méchantes, mais bien des personnes qui par leur parcours difficile et à cause mauvaises décisions sont tombées dans un piège dont ils ont du mal à sortir, tel un pacte avec le diable.

 

Je conclurais finalement pour rappeler que si ces histoires peuvent paraitre simples et sans importance quand on a atteint l’âge adulte, elles n’en demeurent pas moins intéressantes. Ainsi si les enfants commencent leurs lectures avec de telles histoires, peut-être prendront-ils goût à d’autres ouvrages réalistes et tragiques comme les œuvres de Zola. Ou bien si les enfants s’intéressent comme moi à des lectures fantastiques tel que Trouillard, ils finiront peut-être par lire des grands classiques comme les nouvelles d’Edgar Allan Poe (traduites en français par Baudelaire lui-même pour celles et ceux qui l’ignorent).