Lors de la rencontre avec Claire Gratias le 16/11/2015 à Saintes |
Nous avons eu la
chance d’interviewer l’écrivain Claire Gratias lors d’une réunion de
présentation de ses ouvrages aux bénévoles de « Lire et faire lire »
du secteur de Saintes. Durant cette présentation, chacun de nous a pu partager
la passion de Claire pour la littérature et l’écriture. Ce moment d’échange a
également été l’occasion de retracer le parcours professionnel de Claire et son
métier d’écrivain : Claire a eu le plaisir de retrouver par hasard
Bernadette, son ancienne tutrice, aujourd’hui bénévole de « Lire et faire
lire », qui l’a supervisée quand elle a commencé son métier de professeur
de Lettres.
Les
Volontaires (L.V.) : Où avez-vous vécu votre enfance ?
Claire
Gratias (C.G.) : Je suis née à Versailles et j’ai vécu dans les
Yvelines jusqu’à mes quinze ans. A la
fin du collège nous avons déménagé à Aix-en-Provence, où j’ai fait mes années
de lycée ainsi que mes études universitaires, jusqu’à l’obtention du CAPES.
J’ai été nommée à Saintes en tant que professeur de Lettres en collège et
lycée. Je suis tombée amoureuse de Saintes, mais j’ai dû partir et je me suis
promis d’y revenir. Ça m’a pris vingt-deux ans, mais maintenant, pour rien au
monde je ne repartirais !
L.V. :
Pouvez-vous nous raconter un peu votre parcours scolaire et professionnel ?
C.G. :
Quand j’étais à l’école, on pouvait dire de moi que j’étais une bonne élève,
très littéraire, mais pas seulement. J’aimais également les langues, et en
terminale, je me suis découvert une aptitude pour les mathématiques grâce à un
professeur qui expliquait très bien. Par la suite, j’ai fait une première année
de Lettres Sup’, suivie d’une Maîtrise d’Allemand, puis d’une licence de
Lettres Modernes, qui m’a conduite au CAPES. Depuis 2004, je me consacre
uniquement à l’écriture.
L.V. :
Avez-vous d’autres projets professionnels pour la suite ?
C.G. :
Sans l’écriture il me manquerait quelque chose, mais je m’intéresse aussi à la
photographie. Ma production littéraire est très éclectique, car je m’ennuierais
beaucoup si je faisais toujours la même chose. C’est pourquoi je n’exclus pas
d’écrire un jour à destination des adultes.
L.V. :
Comment vivez-vous votre vie en tant qu’écrivaine ?
C.G. :
Contrairement à certains auteurs qui s’imposent un rythme précis, parfois
draconien, je n’écris pas de manière régulière ; le matin en général, mais
certains jours un quart d’heure ou une demi-heure, d’autres plusieurs heures
d’affilée. En tout cas, jamais la nuit,
car j’ai besoin de beaucoup de sommeil ! À certains moments, je suis
tellement plongée dans le monde que je suis en train d’imaginer, les
personnages, le décor, l’histoire, etc, que je ne vois plus le temps s’écouler.
Côté
lecture, je lis de tout : polar, fantastique, science-fiction, roman
contemporain, roman étranger, relecture des grands classiques, théâtre, essais…
Je possède environ 3000 livres. Pour l’anecdote, en général, les gens qui
viennent chez moi regardent ma bibliothèque, puis me demandent, médusés
« Vous avez lu tout ça ? » Il m’arrive de répondre :
« Oh, bien sûr que non. Mais c’est un excellent isolant thermique et
phonique »…
L.V. :
Vous êtes la première marraine de Lire et Faire Lire, qu’est-ce que cela
représente pour vous ? Pourquoi ?
C.G. :
Le fait d’être marraine est important pour moi, car sans la lecture et les
histoires je ne serais jamais devenue écrivain. De plus, je porte un fort
intérêt au rôle de « passeur » des bénévoles de Lire et Faire Lire.
Cette action participe à l’évolution de la culture générale des enfants.
L.V. :
Comment avez-vous découvert l’association Lire et Faire Lire ?
C.G. :
Lors de Salons du Livre et d’autres événements, j’ai eu la chance de croiser
des membres de l’association. J’ai également lu les livres d’Alexandre Jardin,
que j’apprécie beaucoup.
L.V. :
Avez-vous des idées de nouvelles formations que l’on pourrait proposer ?
C.G. :
Je pense qu’une formation visant la lecture pour les adolescents pourrait être
intéressante. Je peux également proposer une approche de la comptine pour les
plus petits, ainsi qu’une formation sur les différents genres et
sous-genres : autour du polar (la différence entre roman policier, roman
noir, et thriller), ou du fantastique (la différence entre science-fiction,
fantastique, merveilleux, fantasy…).
L.V. : Vous
êtes également membre de la Maison des Ecrivains, en quoi cela consiste ?
C.G. :
La Maison des Ecrivains est une association qui regroupe des écrivains pour
leur apporter des conseils juridiques, les informer sur leurs droits, leur
parler des événements tels les Salons du Livre, les tables rondes, etc… De
plus, l’association a des partenaires qui peuvent aider les écrivains à
financer les rencontres avec les lecteurs, notamment en milieu scolaire.
L.V. : Ecrivez-vous
pour une personne en particulier ?
C.G. :
Non. Je crois que Voltaire disait : « Un livre est une lettre
adressée à tous les amis qu’on a sur Terre », ou quelque chose comme ça.
L.V. : Vous
écrivez des livres pour les enfants, adolescents et les adultes. Eprouvez-vous
une difficulté particulière d’écrire pour un de ces publics ?
C.G. :
L’écriture des albums requiert une technique particulière : on écrit de
courts textes qui doivent être accessibles aux enfants. En apparence, c’est
plus facile à écrire qu’un roman de 300 pages pour des adolescents, mais
détrompez-vous, c’est un vrai défi !
L.V. : De
quelle manière est né Horatio ?
C.G. :
Horatio est né de l’idée de renverser les normes. Les adultes qui entourent les
enfants - parents, enseignants, etc - incitent généralement les enfants à lire
et à délaisser les écrans (télévision, tablettes, Smartphones, jeux vidéos,
aujourd’hui, les tentations sont de plus en plus nombreuses), en leur
expliquant que c’est mieux pour eux. Ici j’ai fait l’inverse : les parents
passent beaucoup de temps devant la télévision et demandent à leur fils
d’arrêter de lire, car ce n’est pas bon pour lui. Or, quand on est enfant ou
adolescent, on aime faire ce qui est interdit ! J’ai donc imaginé un petit
rat qui rêverait de devenir un véritable rat de bibliothèque et qui, grâce à la
télévision, va réussir à donner à ses parents le goût de la lecture. Un vrai
tour de force !
L.V. : Pourquoi
devenir un rat de bibliothèque ? Cela ne
pose-t-il pas la problématique de la solitude ?
C.G. :
Je ne l’avais pas vu dans ce sens, pour moi la lecture permet la rencontre et
l’échange, créer du lien avec les autres. Mais je pense qu’on se construit
aussi dans la solitude, car elle oblige à la rencontre avec soi-même.
L.V. : Avez-vous
de nouveaux romans en cours ?
C.G. :
Étant superstitieuse, j’ai pour habitude de ne pas parler de ce qui n’est pas
terminé, acté, signé. Donc, même sous la torture, je ne vous dirai rien pour
l’instant ! Mais soyez rassurés, j’ai plusieurs projets en route !
Félix
et Mélina